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Historique

Du projet à la commercialisation

La Chrysler TC by Maserati est le résultat d’une collaboration entre Chrysler et Maserati, un arrangement enraciné dans l’amitié entre Lee Iacocca et Alejandro de Tomaso, les deux hommes charismatiques en charge des deux sociétés.

Cette amitié a commencé alors que Lee Iacocca était chez Ford — il fut le responsable du lancement de la Ford Mustang en 1964 — et a conduit à la réussite de la De Tomaso Pantera commercialisée par les concessionnaires Mercury Lincoln. En 1975, De Tomaso prend le contrôle de Maserati puis en 1978, Chrysler achète 5% de Maserati. Un accord est conclu en 1984 pour créer un coupé sport exceptionnel.

Lee Iacocca communique dès 1985 sur un nouveau projet baptisé initialement « Q-coupe ». Ce projet doit permettre d’allier les capacités de conception, de production et de commercialisation de Chrysler avec l’expertise et l’image glamour de Maserati pour diffuser un véhicule de haute qualité à un prix raisonnablement bas.

Un prototype est construit en 1986 et Chrysler commence à informer le public, allant jusqu’à imprimer une brochure de 5 pages à l’attention des concessionnaires et des actionnaires pour faire la promotion du « SC » ou « Sport Coupe Built by Maserati ». Peu de détails sont donnés et une mention indique que les spécifications de puissance et de couple d’un moteur 16 soupapes Turbo De Tomaso seront communiquées ultérieurement.

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Après une tentative de lancement infructueuse en 1987, Chrysler communique sur ce qui est devenu un « Chrysler’s Turbo Convertible Built by Maserati ». De la documentation est distribuée au salon de l’auto de Chicago de 1988 avec un numéro gratuit pour obtenir des informations complémentaires dont les spécifications du moteur 16 soupapes Maserati.

Le premier chargement d’éléments Chrysler à traverser l’Atlantique débarque finalement en Italie en décembre 1988. La Chrysler TC by Maserati, biplace de luxe grand tourisme, est née. Ne s’agissant plus du tout d’un coupé, les lettres « TC » signifient désormais « Touring Convertible ».

Fin janvier 1989, la signature du vice président de Chrysler Joseph A. Campana se retrouve sur un courrier envoyé aux clients potentiels annonçant que la production d’un excitant nouveau coupé sport de luxe, la Chrysler TC by Maserati, avait commencé. Est joint à ce courrier un formulaire de livraison prioritaire à compléter par le client et à présenter avant la fin février à l’un des 312 concessionnaires sélectionnés pour garantir l’obtention d’un modèle 1989.

Un nombre limité de combinaisons de couleurs sont disponibles dans le cadre de ce programme. Une TC by Maserati peut alors être commandée soit avec la peinture Royal Cabernet Pearl et l’intérieur cuir Ginger ou Bordeaux, soit avec les peintures Exotic Red Pearl ou Light Yellow Pearl et l’intérieur cuir Ginger. Seule option en dehors de la couleur, le client a le choix d’équiper sa TC by Maserati du moteur 4 cylindres 2,2 litres 8v SOHC Turbo Intercooler (Turbo II) avec boîte automatique ou du moteur 4 cylindres 2,2 litres 16v DOHC Turbo Intercooler avec boîte manuelle.

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La Chrysler TC by Maserati est clairement un véhicule international. 75% de ses pièces sont fabriquées en Italie. La carrosserie, le châssis et la motorisation (moteur, boîte, pont) sont expédiés depuis les États-Unis. Les pneus Michelin viennent de France, la boîte de vitesses manuelle Getrag d’Allemagne et le câblage électrique d’Espagne.

D’autres pièces sont en provenance de Grande-Bretagne et du Mexique. Tous ces éléments sont assemblés dans le complexe industriel Maserati Innocenti à Lambrate près de Milan.

D’un accueil mitigé à l’arrêt de la commercialisation

D’emblée, l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. Le plan original était de présenter la TC by Maserati avant la Le Baron Convertible afin de faire passer la deuxième pour l’héritière des racines haut de gamme de la première. Le retard de deux ans dans la mise en production entraîne un ordre de présentation inversé, faisant surgir la perception que la TC by Maserati ressemble beaucoup trop à la Le Baron Convertible tout en affichant un prix supérieur de $13,505 à celui du modèle GTC Convertible.

Chrysler projetait de vendre entre 4000 et 5000 TC by Maserati par an aux États-Unis à travers 300 concessions Chrysler sélectionnées. Vaine projection. Le chiffre d’affaires généré par ce modèle est loin des attentes et l’aventure européenne malheureuse et devenue tristement célèbre prend fin en 1991 après seulement trois années de commercialisation. Seuls 7300 exemplaires auront été assemblés, les derniers en stock ayant été remisés de plusieurs milliers de dollars.

L’un des principaux problèmes de la TC by Maserati est sa finition. Pour un véhicule vendu $33,000, le niveau de finition de l’aménagement intérieur est jugé sous la normale. Les composants apparaissent comme trop familiers aux possesseurs de Daytona et de Le Baron : serrures et poignées, interrupteurs des vitres électriques, commande au pied du frein de stationnement, jauges, commodo des clignotants et du régulateur de vitesse, habillage de la colonne de direction, évents du tableau de bord, boîte à gants, cendrier, commandes de climatisation, système audio, pare-brise, etc. Le meilleur comme les jantes et la peinture côtoie le pire comme la faiblesse du freinage et les alignements de carrosserie. La TC by Maserati méritait une meilleure finition (ex. véritable ronce de noyer) et des composants spécifiques qui auraient fait d’elle une Maserati exclusive.

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Trois exemplaires de la Chrysler TC Maserati sont détenus par le musée Walter P. Chrysler (Auburn Hills, Michigan) dont un fait à la main.